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Souvenirs du roi bâtisseur
L'oeuvre urbaine et architecturale de Léopold II : 1865-1909 En ces jours de commémorations royales, on ne peut que se souvenir d'un Roi qui a marqué les paysages de notre vie quotidienne. Léopold II qui fut le Roi de toutes les démesures. Bâtisseur d'Empire, bâtisseur de villes, d'ensembles monumentaux, de grandes avenues. Ce film documentaire sur le deuxième Roi des Belges revisite l'oeuvre urbaine d'un règne de près de 45 ans. Le grand Souverain à barbe blanche et à haute stature a pensé avec son complice, l'urbaniste Victor Besme, le développement de Bruxelles et l'intégration des faubourgs de la capitale, grâce à un double réseau concentrique d'avenues ou d'allées à larges voies. Des nouveaux quartiers sont apparus, superbement profilés et bâtis, sertis dans des parcs. Avenue Louise, le quartier Nord-Est, l'avenue de Tervuren... Notre Bruxelles contemporain, malgré les destructions anarchiques qui le défigurent fut une création léopoldienne; grâce aux revenus considérables de la colonie, le Roi - propriétaire du Congo - s'est aussi lancé dans un programme de constructions monumentales pour marquer le paysage urbain de signes et de symboles de la grandeur royale. Ce règne a d'ailleurs atteint des dimensions presqu'impériales. Léopold II en butte à l'hostilité de beaucoup de ses concitoyens, ne réalisa jamais ses grands projets urbains qui finissaient par se confondre avec des utopies de villes nouvelles; Il rêvait de construire une cité scientifique à Tervuren, tournée vers l'étude de l'Afrique. Il voulait créer à Ostende un quartier royal immense, construit autour de sa résidence d'été. Il ne réussira à construire, si l'on peut dire, que les deux Musées de Tervueren, l'arcade du Cinquantenaire avec ses annexes muséographiques, une galerie en forme de portique géant à Ostende, en face de la mer, qui existe toujours comme un monument insolite. Son sens des affaires, ses talents de manager et de promoteur immobilier l'ont aidé à accumuler d'énormes fortunes, mais pour lui, l'argent n'avait aucune valeur en soi. Il lui fallait le convertir en monuments, en oeuvre urbaine pour embellir son pays. Il ne fut pas tout-à-fait à l'abri des critiques. La dureté des méthodes d'exploitation du caoutchouc au Congo a été critiquée dans le monde entier. A la fin de son règne, le Roi semble s'être enfermé dans un isolement et une solitude pleine d'orgueil. Grand mécène, il préféra un architecte français aux nouveaux architectes belges de génie, en train de faire leurs preuves et de révolutionner l'art de construire, comme Victor Horta. Il n'empêche que Léopold II reste dans l'histoire comme un grand chef d'Etat, rêveur d'Empire, génie du développement urbain, Roi mécène et colonisateur dont la voracité financière et territoriale était compensée par un grand attachement à son pays et un respect exemplaire de ses institutions politiques. En collaboration avec la Sonuma.