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A suivre - La route d'El Naïm ou la route de la félicité
"El Nairn" signifie en arabe, état de félicité. C'est un prénom courant en Palestine. Ce nom "El Naïm", les habitants de Zababdeh, en Cisjordanie occupée, l'ont donné à une des rues de leur village. En hommage à un de leurs enfants, assassiné à Bruxelles, le ler juin 1981; Naïn Khader qui fut le représentant officiel de l'OLP dans la capitale belge pendant six ans, après avoir achevé des études de droit à Louvain. Au fil de ses quatorze années d'exil volontaire en Belgique, Naïm Khader s'était imposé peu à peu comme un brillant diplomate de la cause palestinienne. A 41 ans, il était le meilleur avocat de l'OLP en Europe. II a ouvert les esprits à la nécessité de réaliser la revendication d'une patrie palestinienne, avec l'OLP. Sa mort brutale est peut-être le prix de son efficacité : elle créa un choc dans l'opinion belge. Même si la main qui l'assassina à bout portant était une main arabe, c'est - faut-il préciser - au plus fort de la guerre ouverte entre l'OLP et l'Etat d'Israel, décidé « à frapper les cadres de l'OLP, partout où ils se trouvent », qu'il est tombé. "La route d'El-Naim" évoque la vie de Naïm Khader, ainsi que sa patrie, la Palestine, soudain confondue dans un même destin Après les cérémonies de la Résistance palestinienne, son corps a été inhumé à Amman, en Jordanie. N. Khader n'a pu être rapatrié chez lui, au village de Zababdeh, occupé par les Israéliens. Ses obsèques à répétition t (Bruxelles, Beyrouth, Amman) ont constitué une véritable scénographie de tragédie antique: sa femme Bernadette comme une autre Antigone, a suivi l'itinéraire funèbre et hésitant jusqu'à la tombe provisoire d'Amman à 100 km à peine des frontières de Palestine, sans pouvoir aller jusqu'au terme du voyage: le village natal et son petit cimetière. Les témoignages de Benadette Khader, des parents et des proches de Naïm au village de Zababdeh forme la trame du film qui se présente comme une parabole poétique. Les villageois palestiniens partagés entre la tristesse, la rage et la fierté expriment avec des mots de paysans, avec des chants nés du travail de la terre, avec des images inspirées du terroir, leurs difficultés quotidiennes, leur volonté et leur impuissance à résister à l'occupation israélienne, tantôt brutale, tantôt subtile, l'exode des jeunes vers les pays Arabes, l'amour des traditions, le souvenir de Naïm... Tous réunis ils fêteront avec faste la mémoire de leur héros national, alors que l'armée encercle le village. Un des sens du film, au-delà des mots, c'est l'absence totale chez ceux de Zababdeh, de haine contre les Juifs ; et même pointe l'envie de mieux les connaitre, comme si lentement s'imposait la conscience d'un destin commun qui réconcilieraient Juifs et Palestiniens enfin libérés. Comprendre les Juifs et leur histoire, c'était une des sources de l'action de Naïm Khader qui refusait d'enfermer ses adversaires israéliens dans une image déformée et passionnelle et cherchait à dialoguer avec certains d'entre eux.