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Extrait de Archives Sonuma
Reportage réalisé en 1999. Guitariste de jazz, le bruxellois Jeanfrançois Prins est à l'aube d'une carrière internationale des plus prometteuses. Nous le retrouvons en hiver à Berlin, où il enseigne son art depuis 1995. Avec notamment Lee Konitz en guest-star... Né en 1967 dans une famille très musicale, Jeanfrançois Prins commence à jouer de la guitare à 17 ans, d'abord en autodidacte, puis après l'obtention d'un diplôme d'ingénieur du son à l'INSAS, il suit les cours du Département Jazz du Conservatoire Royal de Musique de Bruxelles, où il obtient un 1er Prix de performance instrumentale en 1991. Mais il commence sa carrière professionnelle dès 1988 et enregistre un premier album en 1991, "N.Y. Stories", puis apparaît en tant que soliste, compositeur et arrangeur sur l'album de la chanteuse belge Mary Kay, "Make Someone Happy", ce qui lui vaut de recevoir le "Saxe d'Or", décerné par les journalistes de la presse musicale spécialisée en Belgique. A partir de 1992, il tourne régulièrement sur les scènes européennes ainsi qu'au Canada et aux States, et se produit notamment avec: Toots Thielemans, Lee Konitz, Mal Waldron, Quincy Jones, Steve Houben, Jacques Pelzer, Richard Rousselet, etc. En 1994, il enregistre la bande originale composée par Michel Herr et tourne dans le film "Just Friends". C'est à New York qu'il rencontre la chanteuse Judy Niemack, qui allait devenir sa compagne et complice musicale privilégiée et que nous retrouvons en sa compagnie à Berlin. La ville qui est actuellement le plus grand chantier d'Europe, mais qui est aussi l'une des meilleures scènes jazz d'Europe, ouverte à toutes les formes de créativité. Une ville extrêmement cosmopolite par ailleurs, où règne une effervescence artistique comparable seulement à ce qui existe à New York... Ce choix de vivre à Berlin s'explique également par le fait "qu'il n'existe toujours pas de statut pour les artistes en Belgique, et c'est un scandale" insiste J. Prins. Mais surtout, les jeunes Allemands se montrent particulièrement friands de jazz, comme s'ils devaient compenser les séquelles laissées par l'Histoire, lorsque les nazis l'interdisaient et aussi - jusque il y peu de temps encore -, les autorités de l'Allemagne de l'Est (DDR). En tant qu'éducateur, Jeanfrançois Prins enseigne la guitare, l'histoire du jazz, ainsi que des cours d'ensemble et de théorie dans les deux Conservatoires de musique de Berlin. Pour lui, le jazz est "la musique de la démocratie" par excellence où il faut avant tout partager (avec les autres musiciens et le public). Aussi prend-il ce rôle d'enseignant très à cœur, afin que ses élèves parviennent à exprimer, à libérer leurs émotions ("chose assez difficile pour les gens du Nord, et pour les Allemands en particulier qui se retiennent trop"). Il n'empêche, le niveau d'enseignement est tel que la plupart de ces jeunes comptent au moins un CD à leur actif avant de terminer le Conservatoire.