Portrait - Lucien Kroll - Architecte
Portrait, réalisé en 1985, de Lucien Kroll, architecte bruxellois. "Il n'y a rien de plus vulgaire qu'une chaussure neuve. C'est vrai aussi en architecture. L'architecture neuve est aussi vulgaire qu'une chaussure qui craque. II faut qu'un bâtiment s'use très vite, qu'il se donne", répète Lucien Kroll. Et c'est peut-être une des qualités les plus étonnantes de cet architecte pas tout à fait comme les autres. Ses réalisations ne ressemblent jamais à des rêves d'architecte; elles ne sont pas faites pour être des chefs-d'oeuvre. Et pourtant, leur modernité est évidente. De la Maison médicale dite la "Mémé" de Louvain-en-Woluwe au quartier des vignes blanches à Cergy-Pontoise, en passant par la station de métro Alma, le même mélange de rigueur et d'humanisme, de bonhomie et d'intelligence. C'est que Lucien Kroll ne confond jamais le rationnel et le raisonnable. II faut l'entendre expliquer ici comment les colonnes de la station Alma - la moins chère de tout le réseau - gagneront à être patinées par les usagers, ou raconter comment la "Mémé" a été modelée au gré des rêves des étudiants, pour mesurer toute la place que son oeuvre fait à l'homme. A Froidmont, dans une ancienne ferme du XVIIème siècle, habitée par des Dominicains, c'est dans la grange que Lucien Kroll a réussi une extraordinaire église. Non pas de la restauration mais de la réhabilitation; la réponse à la question fondamentale : comment concilier le respect d'un bâtiment ancien, de ses traces particulières et les exigences actuelles ? Au contraire, à Cergy-Pontoise, ville nouvelle dont Lucien Kroll a construit un des quartiers - celui des Vignes Blanches - le problème se situait exactement à l'opposé : comment concilier l'empreinte de la vie, avec la construction d'une ville toute neuve ? Dans un cas comme dans l'autre, la réussite de Kroll tient à son souci constant de répondre aux désirs, des utilisateurs. Témoin le propos d'un Dominicain de Froidmont : « Avec Lucien Kroll, il faut un projet très précis et des solutions très floues. A nous de savoir, à lui d'imaginer ». Et à Cergy-Pontoise, plus de 50 séances de consultation des habitants ont précédé ses projets. « J'étais là, dit-il, pour organiser leurs désirs dans le respect du paysage ». Qui est Lucien Kroll ? « Lucien Kroll, c'est avant tout dix personnes qui travaillent ensemble », dit-il. Dix personnes qui travaillent avec le plus moderne des outils : la conception assistée par ordinateur. Mais sans dévotion particulière. « L'ordinateur, dit Lucien Kroll, est une aide. Mais pas plus qu'un crayon à poussoir qu'il ne faut plus tailler. Il fait gagner du temps précieux et nous permet ainsi de privilégier le dialogue avec les gens ». Pour Lucien Kroll, c'est bien là que se cache l'essentiel. En collaboration avec la Sonuma.
Portrait - Lucien Kroll - Architecte
Portrait, réalisé en 1985, de Lucien Kroll, architecte bruxellois. "Il n'y a rien de plus vulgaire qu'une chaussure neuve. C'est vrai aussi en architecture. L'architecture neuve est aussi vulgaire qu'une chaussure qui craque. II faut qu'un bâtiment s'use très vite, qu'il se donne", répète Lucien Kroll. Et c'est peut-être une des qualités les plus étonnantes de cet architecte pas tout à fait comme les autres. Ses réalisations ne ressemblent jamais à des rêves d'architecte; elles ne sont pas faites pour être des chefs-d'oeuvre. Et pourtant, leur modernité est évidente. De la Maison médicale dite la "Mémé" de Louvain-en-Woluwe au quartier des vignes blanches à Cergy-Pontoise, en passant par la station de métro Alma, le même mélange de rigueur et d'humanisme, de bonhomie et d'intelligence. C'est que Lucien Kroll ne confond jamais le rationnel et le raisonnable. II faut l'entendre expliquer ici comment les colonnes de la station Alma - la moins chère de tout le réseau - gagneront à être patinées par les usagers, ou raconter comment la "Mémé" a été modelée au gré des rêves des étudiants, pour mesurer toute la place que son oeuvre fait à l'homme. A Froidmont, dans une ancienne ferme du XVIIème siècle, habitée par des Dominicains, c'est dans la grange que Lucien Kroll a réussi une extraordinaire église. Non pas de la restauration mais de la réhabilitation; la réponse à la question fondamentale : comment concilier le respect d'un bâtiment ancien, de ses traces particulières et les exigences actuelles ? Au contraire, à Cergy-Pontoise, ville nouvelle dont Lucien Kroll a construit un des quartiers - celui des Vignes Blanches - le problème se situait exactement à l'opposé : comment concilier l'empreinte de la vie, avec la construction d'une ville toute neuve ? Dans un cas comme dans l'autre, la réussite de Kroll tient à son souci constant de répondre aux désirs, des utilisateurs. Témoin le propos d'un Dominicain de Froidmont : « Avec Lucien Kroll, il faut un projet très précis et des solutions très floues. A nous de savoir, à lui d'imaginer ». Et à Cergy-Pontoise, plus de 50 séances de consultation des habitants ont précédé ses projets. « J'étais là, dit-il, pour organiser leurs désirs dans le respect du paysage ». Qui est Lucien Kroll ? « Lucien Kroll, c'est avant tout dix personnes qui travaillent ensemble », dit-il. Dix personnes qui travaillent avec le plus moderne des outils : la conception assistée par ordinateur. Mais sans dévotion particulière. « L'ordinateur, dit Lucien Kroll, est une aide. Mais pas plus qu'un crayon à poussoir qu'il ne faut plus tailler. Il fait gagner du temps précieux et nous permet ainsi de privilégier le dialogue avec les gens ». Pour Lucien Kroll, c'est bien là que se cache l'essentiel. En collaboration avec la Sonuma.