Droit de cité - En attendant des jours meilleurs
1998. " Tout est pourri ici. Ça fait quinze ans que j'habite ici, j'ai jamais vu des trucs pareils... ce quartier, il est pourri ". C'est une dame d'une soixantaine d'années qui parle. Dès le début du reportage le ton est donné. C'est à Cureghem (Anderlecht) que l'équipe du magazine " Droit de Cité " nous emmène. Trois semaines de tournage dans un des quartiers les plus pauvres de la capitale, là où, en novembre 1997, il y eut des émeutes suite à la mort d'un dealer. Dans ce reportage de 52 minutes, la parole est donnée aux habitants du quartier. Ils racontent leur mal de vivre. Beaucoup sont sans emploi (le taux de chômage frise les 30%). Les enfants de l'immigration y construisent difficilement leur avenir (60% de la population est d'origine immigrée), durement frappés par la récession économique. C'est dans ce contexte que la délinquance s'est développée; face à un pouvoir politique perçu comme inefficace. Où se trouve Cureghem ? Sur le territoire de la commune d'Anderlecht (une des dix-neuf communes bruxelloises), entre la gare du Midi, la Petite Ceinture et le canal. Pourquoi Cureghem ? En novembre 1997, un dealer - Saïd Charki -, est abattu au terme d'une course poursuite dans les rues de Cureghem. Ce sera l'étincelle qui mettra le feu aux poudres. Pendant plusieurs jours, les jeunes affrontent la police, c'est l'expression d'une révolte longtemps contenue. La plupart des belges vont alors découvrir un quartier dont ils n'avaient jamais entendu parler. Près d'un an plus tard, rien n'a vraiment changé à Cureghem. Mais qu'on ne s'y trompe pas, Cureghem n'est qu'un exemple parmi tant d'autres de la " ghettoïsation " qui ronge les grandes villes belges, à l'instar des villes américaines. Dans ces quartiers, tout va mal : récession économique, délabrement urbanistique, pauvreté sociale, racisme ambiant, délinquance, exode urbain. A Cureghem la population totale a chuté de 20% en 20 ans et la population belge y a diminué de moitié entre 1970 et 1991. La délinquance - Selon les habitants qui témoignent dans ce reportage, c'est le problème numéro un à Cureghem. La police d'Anderlecht souligne le fait que les chiffres sont en baisse depuis un an, plusieurs opérations de sécurité ayant été menées dans le quartier. Mais Cureghem reste un terrain privilégié pour la petite délinquance. A Cureghem, un délit sur deux est un vol avec violence. La population est victime de ce climat insécurisant et a le sentiment que la police est impuissante à résoudre le fléau. L'impuissance publique - Dans ce contexte, ce sont les pouvoirs publics et les politiques que les habitants pointent du doigt. Un ras-le-bol anti partis traditionnels, qui profite à l'extrême-droite. A Anderlecht, l'extrême-droite a 7 élus. A Cureghem, on accuse le pouvoir communal de n'avoir pas fait grand chose pour ce quartier, où il y avait peu d'électeurs. " Ici c'est un quartier crotteux, qui ne les intéresse pas ", rappelle crûment un habitant.
Droit de cité - En attendant des jours meilleurs
1998. " Tout est pourri ici. Ça fait quinze ans que j'habite ici, j'ai jamais vu des trucs pareils... ce quartier, il est pourri ". C'est une dame d'une soixantaine d'années qui parle. Dès le début du reportage le ton est donné. C'est à Cureghem (Anderlecht) que l'équipe du magazine " Droit de Cité " nous emmène. Trois semaines de tournage dans un des quartiers les plus pauvres de la capitale, là où, en novembre 1997, il y eut des émeutes suite à la mort d'un dealer. Dans ce reportage de 52 minutes, la parole est donnée aux habitants du quartier. Ils racontent leur mal de vivre. Beaucoup sont sans emploi (le taux de chômage frise les 30%). Les enfants de l'immigration y construisent difficilement leur avenir (60% de la population est d'origine immigrée), durement frappés par la récession économique. C'est dans ce contexte que la délinquance s'est développée; face à un pouvoir politique perçu comme inefficace. Où se trouve Cureghem ? Sur le territoire de la commune d'Anderlecht (une des dix-neuf communes bruxelloises), entre la gare du Midi, la Petite Ceinture et le canal. Pourquoi Cureghem ? En novembre 1997, un dealer - Saïd Charki -, est abattu au terme d'une course poursuite dans les rues de Cureghem. Ce sera l'étincelle qui mettra le feu aux poudres. Pendant plusieurs jours, les jeunes affrontent la police, c'est l'expression d'une révolte longtemps contenue. La plupart des belges vont alors découvrir un quartier dont ils n'avaient jamais entendu parler. Près d'un an plus tard, rien n'a vraiment changé à Cureghem. Mais qu'on ne s'y trompe pas, Cureghem n'est qu'un exemple parmi tant d'autres de la " ghettoïsation " qui ronge les grandes villes belges, à l'instar des villes américaines. Dans ces quartiers, tout va mal : récession économique, délabrement urbanistique, pauvreté sociale, racisme ambiant, délinquance, exode urbain. A Cureghem la population totale a chuté de 20% en 20 ans et la population belge y a diminué de moitié entre 1970 et 1991. La délinquance - Selon les habitants qui témoignent dans ce reportage, c'est le problème numéro un à Cureghem. La police d'Anderlecht souligne le fait que les chiffres sont en baisse depuis un an, plusieurs opérations de sécurité ayant été menées dans le quartier. Mais Cureghem reste un terrain privilégié pour la petite délinquance. A Cureghem, un délit sur deux est un vol avec violence. La population est victime de ce climat insécurisant et a le sentiment que la police est impuissante à résoudre le fléau. L'impuissance publique - Dans ce contexte, ce sont les pouvoirs publics et les politiques que les habitants pointent du doigt. Un ras-le-bol anti partis traditionnels, qui profite à l'extrême-droite. A Anderlecht, l'extrême-droite a 7 élus. A Cureghem, on accuse le pouvoir communal de n'avoir pas fait grand chose pour ce quartier, où il y avait peu d'électeurs. " Ici c'est un quartier crotteux, qui ne les intéresse pas ", rappelle crûment un habitant.