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A suivre - Malaises
"Malaises"
Un film de Manu Bonmariage, 1984.
Coproduit par"Wallonie Image Productions"
II y a des lieux où, à un moment donné, les problèmes et difficultés d'une époque et d'une société semblent s'additionner en un marasme contagieux.
Seraing est, en 1984 de ceux-là, victime des sursauts d'une société profondément perturbée par la crise.
La crise économique cause des ravages dans notre pays.
A Seraing, berceau de la sidérurgie belge, elle fait plus mal qu'ailleurs.
Le football belge est secoué ?
A Seraing, le club est victime d'une faillite douteuse. Des hommes politiques sont parfois impliqués dans des affaires scandaleuses ?
A Seraing, c'est le bourgmestre qui fait aujourd'hui l'objet d'une enquête judiciaire.
Que vit une ville et ses habitants quand tant de plaies s'abattent sur eux ? Que ressentent les jeunes dans un univers où tant de valeurs chavirent ?
Que reste-t-il d'espoir quand soudain, le ciel s'assombrit de tous les cotes à la fois ?
Telles sont les questions qui ont guidé les pas et la caméra de Manu Bonmariage au coeur de Seraing et de son marasme, dans les ateliers de Cokerill où les ouvriers travaillent de plus en plus désabusés devant une restructuration industrielle douloureuse qu'ils vivent depuis plus de dix ans maintenant, au stade communal ou la faillite du F.C, Seraing a brisé le dernier espoir de vaincre qui restait à bien des jeunes Sérésiens.
II n'y a guère, face au chômage, on disait à Seraing : ici, il faut naître riche ou footballeur. Dans les familles ouvrières où l'enquête judiciaire sur Guy Mathot - le bourgmestre qui pourtant faisait figure de battant - laisse flotter la déception, l'amertume et le désenchantement, voire la résignation, chez les jeunes qui ont créé un groupe de réflexion baptisé "Renaissance", où ils tentent de se débattre ensemble au milieu de tous les problèmes pour retrouver l'espoir.
Quelques mots du réalisateur :
"En fait, dit Manu Bonmariage, j'étais parti à Seraing pour un tout autre film. Le F.C. Seraing était alors en pleine ascension, et je voulais filmer cette montée, cet espoir. Mais, pendant que j 'effectuais les repérages, les choses se sont gâtées de toutes parts : le football club plongeait, la grève de la sidérurgie patinait...
J'ai alors rencontre des jeunes qui avait organisé un groupe de réflexion, le groupe Renaissance. Ils voulaient se mettre ensemble pour définir et combattre le malaise qu'ils sentaient peser de plus en plus lourdement sur eux, Et l'idée de brosser un tableau de ce malaise s'est imposé à moi.
Ce ne fut pas un tournage facile. Pour la première fois, j'ai réalisé tout le film sans rencontrer de vraie complicité. Dans tous les milieux, y compris chez les jeunes, j'ai retrouvé la même réticence. Nulle part, je n'ai été mal accueilli. Mais partout, j'ai senti, en face de ma caméra, la même volonté de retenue."