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L'Hebdo - Soeur Emmanuelle
Reportage réalisé en 2002. Voici le portrait d'une femme libre et anticonformiste. L'Hebdo a eu le privilège rarissime de s'immiscer dans le quotidien bien rempli d'une drôle de retraitée, surtout connue pour son action, plus de 20 années durant, auprès des chiffonniers du Caire. Soeur Emmanuelle se contente de la vie la plus frugale mais sa gourmandise est évidente. Elle se dit violente et égoïste mais la lutte contre la pauvreté l'obsède et elle se sent incapable de faire du mal à quiconque. « Bête de télévision » et, en même temps, plus vraie que nature, bonne (même si elle insiste sur ses instincts méchants), fine et bouleversante de jeunesse véritable, l'Hebdo nous fait découvrir l'infatigable religieuse dans l'intimité de sa maison de retraite et l'accompagne par monts et par vaux, dans les turbulences du monde. A près de 94 ans, soeur Emmanuelle, docteur en lettres et philosophie, n'a rien perdu d'une juvénilité quasi incandescente. Cette femme de coeur et de justice est aujourd'hui à la retraite parmi d'autres soeurs de Notre Dame de Sion, dans une grande demeure du sud de la France. Mais, sang exceptionnel ne pouvant mentir, soeur Emmanuelle, hyperactive, redoutablement efficace, vouée en même temps à la méditation, à la prière et à l'écriture, n'a pas cessé d'avoir de grands projets. Auteur de nombreux ouvrages, soeur Emmanuelle a entrepris d'écrire une médiation sur le philosophe Pascal. « L'homme, écrit Pascal, est à la fois gloire et rebus de l'humanité. » Pourquoi cela, s'interroge la religieuse, qui n'hésite pas à dévoiler à la caméra ses pensées et ses penchants les plus sombres. Mais force est de constater que cette sincérité intrépide ne nous empêche à aucun moment de penser qu'elle est tout simplement, magnifique de bonté vraie et de sainteté dans un sens que même les athées comprennent. Sur les plateaux de télévision, sa vivacité d'esprit, sa sincérité et la foi intrépide avec laquelle elle défend ses opinions font d'elle une vraie star charismatique et drôle. On la connaît bien en interview et moins dans son cadre de vie, de prière, de travail... La religieuse, habituée à ce que les badauds la confondent avec Mère Térésa, affirme qu'elle a passé les 22 plus belles années de sa vie aux côtés des chiffonniers du Caire. Ceux-ci ne sont sûrement pas près d'oublier une femme qui a réussi à transformer complètement le bidonville. Cette femme pour qui la pauvreté est un scandale épouvantable se devait d'utiliser ses formidables dons pour continuer le combat de toute sa vie.