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La bibliothèque européenne - Alberto Moravia - Ecrivain de Rome
Emission réalisée en 1963 consacrée à l'écrivain italien Alberto Moravia.
A ceux qui croyaient à l'époque que dans l'Europe littéraire, le réalisme était mort et définitivement remplacé par de nouvelles tendances, l'oeuvre d'Alberto Moravia viendra apporter un démenti éclatant. Et le miracle ne fut pas que ce romancier italien ait osé se choisir pour parrains Flaubert, Zola et Tolstoï, mais que ses livres aient trouvé un public de plus en plus large, qu'ils soient lus aussi bien en U.R.S.S. qu'aux U.S.A., et que la critique ait fini par reconnaître qu'il était un des trois ou quatre grands écrivains de l'époque.
Né à Rome en 1907, Moravia a vu ses débuts d'écrivain contrariés par le fascisme. Ses premiers romans où, selon une formule qui lui est chère, il voulait "tout dire", ont été interdits par le régime mussolinien.
C'est après la guerre quand il a pu enfin sortir du maquis où il s'était réfugié, et s'exprimer totalement qu'il nous a donné ses chefs d'oeuvre ;
-Agostino, le roman cruel d'une adolescente
-La Ciociara, un drame de la résistance
-La Belle Romaine, l'histoire impitoyable d'une déchéance.
Son roman : "L'Ennui", paru en 1961 a éveillé en Europe tant d'échos qu'on put se demande s'il ne serait pas un jour considéré comme le "René" ou le "Werther" de l'époque.
Mais entendre et voir cet écrivain qui se veut sincère jusqu'au bout, est encore plus passionnant que de le lire. C'est pourquoi Jean Antoine et Daniel Gilles lui ont consacré leur "Bibliothèque Européenne". Interrogé sur lui-même, Rome, l'amour et bien d'autres choses encore, Moravia leur répond avec un mordant et une intelligence qui ne s'embarrassent d'aucun préjugé.
C'est aussi avec une très grande liberté que parlent de lui les nombreux écrivains italiens groupés autour de
Moravia dans cette émission. Avec le critique Paolo Milano, la grande romancière Giorgio Bassani, Enzo Siciliano et l'écrivain-cinéaste Pier-Paolo Pasolini, c'est d'ailleurs presque tout ce qui compte dans la littérature italienne de l'époque qui vient ici déclarer que la première place y revient à Moravia.
Au cours de cette émission, le romancier dit aussi ce qu'il pense du cinéma, qui s'est souvent inspiré de ses oeuvres. Et alors qu'il vient d'évoquer des héroïnes nées de son imagination, on voit apparaître en contrepoint celles qui les incarnent à l'écran : Brigitte Bardot et Claudia, Cardinale.
Alberto Moravia est décédé à Rome le 26 septembre 1990.