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Channel: RTBF Vidéo : archives sonuma
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Archives Sonuma

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"Egographie" d'après un texte d'Alain Dartevelle "Egographie"portrait d'Alain Dartevelle. Un film de Marianne Sluszny et Guy Lejeune de 2002. Tenu pour être le meilleur écrivain belge contemporain de science-fiction, Alain Dartevelle aime à mêler les genres narratifs et surtout à les détourner de leur finalité première. Il aime aussi manifestement brouiller les pistes et, par l'entremise de ce film, il se place sous le signe d'un singulier dédoublement. Mais qui est Alain Dartevelle ? Ou plus exactement combien est-il ? Réponse par l'egographie. Dartevelle, nous prévient d'emblée la journaliste Marianne Sluszny, a été dans l'impossibilité de participer à ce portrait de lui-même. Mais il a tout de même livré un texte original - lu en voix off - qui nous accompagne tout au long du film. En contrepoint, intervient un curieux personnage qui nous parle très doctement de Dartevelle, avec un détachement qui frise la schizophrénie lorsqu'on finit par se douter qu'il s'agit, en fait, de l'écrivain parlant de lui-même à la troisième personne : Alain Dartevelle, nous dit-il, a vécu très tôt la pénible expérience de sa propre mortalité. Il n'a donc eu de cesse de développer une échappatoire, nettement perceptible à travers sa prédilection pour la (les) littérature(s) populaire(s), véritable ferment de son propre imaginaire. Parmi les divers métiers qu'il a pratiqués, le journalisme reste celui qui l'a le plus "sensibilisé aux techniques de propagande" (sic). Techniques que l'écrivain s'emploie sciemment à détourner vers ce qu'il appelle "la science de la fiction", manière à peine voilée de déchiffrer nos sociétés. La littérature de Dartevelle, in fine, se démarque de la science-fiction sans l'exclure car, au-delà du présent, tous les réels sont possibles. Et, à la différence d'Alice qui traverse le miroir, les personnages de Dartevelle restent dans le miroir d'où ils observent le réel ainsi que la fiction dans laquelle ils pourraient basculer. A travers prismes et reflets, sous des masques ou des personnalités d'emprunt, Dartevelle nous promène dans des lieux qui sont autant de portes d'entrée vers lui-même : L'église Ste Marie, à Bruxelles, lui évoque un immense astronef ; le quartier chaud de la gare du Nord, devient prétexte à situer son roman "Les mauvais rêves de Marthe" ; le dédale des couloirs de la RTBF lui inspire quelque digression sur "Script", le roman d'un monde où l'écrit est devenu une drogue prohibée ; le parc Josaphat surtout, où trône la statue d'un ancien dieu, Borée le démiurge, dans lequel il retrouve un écho de sa création littéraire, deviendrait presque la métaphore de la pensée dartevelienne... Il éclaire encore d'un regard personnel d'autres de ses romans, comme "Imago" et "Borg ou l'agonie d'un monstre", prétexte à une déclinaison sur la figure du double. Car il faut se rendre à l'évidence, un seul et unique thème traverse l'œuvre, lui conférant une cohésion que l'emploi d'une multitude de styles et de sources s'échinait à masquer, le thème du dédoublement de soi.

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